En novembre 1998, une année avant l’ouverture au Bouveret du centre de loisirs aquatiques Aquaparc, les promoteurs du projet ventaient dans leur premier communiqué de presse le côté « vert s’il en est » de leur parc. En effet, au vue des concessions qui ont été faites aux milieux de protection de la nature et du souci d’utiliser des énergies propres comme le gaz et l’électricité solaire, on ose croire que la direction du parc de loisirs a réussi à concilier au mieux les intérêts de développement économique d’une région périphérique avec ceux de la protection de l’environnement.
La localisation géographique d’Aquaparc peut en effet être qualifié de sensible, car elle est située aux abords immédiats d’une zone de protection du paysage d’importance nationale : Les Grangettes (objet IFP N° 1502, 1'011 ha). Qu’en est-il effectivement ? Aquaparc at- il tenu ce pari et s’inscrit-il dans une problématique de développement durable ? Cette question est d’autant plus d’actualité que la commune de Port-Valais consacre beaucoup d’énergie à réaliser son projet « Port-Valais 2005 : Cité européenne de l’eau » dont l’objectif est de faire du Bouvert une ville de l’eau équipée de différents modules allant du ludique pur (Aquaparc) au domaine scientifique (CapSanté chapeauté par l’Organisation mondiale de la santé), en passant par l’écologie (l’île Crusoé) ou encore le monde animal (aquarium). Selon Claude Roch, initiateur du projet, Port-Valais 2005 est un « projet de développement durable sur le thème de l’eau. Avec les aspects du développement durable : économie, homme, écologie » (Le Nouvelliste, 28.10.98). Pour tenter de répondre à cette question, nous aborderons le problème de la consommation en ressources naturelles du centre Aquaparc sous deux aspects complémentaires. Dans un premier temps, par une analyse morphologique de la région de Chablais, nous analyserons comment le parc s’inscrit dans une problématique de développement régional. Nous nous intéresserons en particulier aux différents flux de véhicules (voitures, trains, bateaux). Dans un deuxième temps, nous essaierons de dégager, à l’aide de la théorie des régimes institutionnels des ressources naturelles (RIRN), quel usage fait le parc des trois ressources fondamentales que sont le sol, l’eau et l’air. Les ressources paysage, forêt et gaz naturel ne seront pas traitées, car elles sont moins déterminantes dans la problématique d’Aquaparc1. Le développement durable implique une approche holistique, car il ne peut y avoir de durabilité que si toutes les facettes du développement sont effectivement durables. Pour des raisons de méthode d’analyse, nous nous interrogerons cependant sur la durabilité d’aspects particuliers d’Aquaparc, tel que sa consommation en ressources naturelles. Cependant il est primordial de garder en tête qu’il ne s’agit là que de conditions nécessaires, mais non suffisantes à la durabilité de l’ensemble, car d’autres éléments (p. ex. les aspects sociaux) entrent également en ligne de compte. La question de la durabilité et de sa quantification est une question complexe. De nombreux systèmes d’indicateurs ont été développés pour tenter de donner des bases plus objectives et quantitatives à ce concept (consulter par exemple à ce sujet : Baumgartner 2000). Nous précisons d’emblée qu’une analyse quantitative de la durabilité d’Aquaparc dépasse le cadre de ce travail. Le but de ce travail est d’esquisser quelques réflexions sur la durabilité d’un centre de loisirs comme celui d’Aquaparc, en utilisant les approches proposées ci-dessus.