Le tourisme urbain

Le tourisme urbain

Les villes sont des destinations touristiques importantes, attirant des dizaines de millions de visitateurs chaque année. Paris, avec une dizaine de millions de touristes chaque année, est de loin le premier pôle touristique européen, New York est la grande porte d’entrée des touristes arrivant aux Etats-Unis. Les flux sont importants et étalés sur une grande partie de l’année, fait qui distingue le tourisme urbain des autres formes de tourisme et qui se traduit par un rôle économique important. Ce rôle influence souvent la politique d’aménagement des villes, notamment par la mise en valeur du patrimoine architectural.

Le tourisme offre donc une opportunité de diversification des structures économiques d’une ville et de modernisation des infrastructures, rendant ainsi possible la création d’emplois, d’équipements et de revenus qu’on n'aurait pas pu atteindre autrement (Cazes G., Potier F., 1996).

Une approche difficile
L’étude du phénomène touristique dans les villes n’a pas donné lieu à une production littéraire abondante. En effet –même si le sujet est indéniablement à la mode- le tourisme urbain pose des problèmes spécifiques qui limitent son étude. On trouve d’une part des problèmes liés à la difficulté de définition et de délimitation du tourisme urbain. Cette difficulté se reflète sur l’insuffisance de la statistique qui devrait saisir ces mouvements. Les systèmes d’observation statistique considèrent en ce sens seulement les séjours avec nuitée, en ignorant les flux déterminés par les séjours plus courts et les visites occasionnelles.

D’autre part, le tourisme urbain comporte une grande complexité de flux et une grande variété de pratiques. Les flux vers les villes ont été longtemps sous-estimés, peu visibles par rapport aux autres activités économiques. En effet, même s’il représente une industrie importante, la ville compte sur des activités encore plus visibles : fonctions commerciales, administratives ou industrielles. L’analyse du tourisme dans ce cadre s’avère donc encore plus complexe par rapport à d’autres destinations de montagne ou de littoral qui ont une mono-structure économique centré sur le tourisme (Pearce D., 1993).

La définition du tourisme urbain
La définition du tourisme urbain comporte 2 concept essentiels : « tourisme » et « urbain ». Selon les recommandations sur les définitions de l’Organisation Mondiale du Tourisme, le touriste est une personne en déplacement qui passe au moins une nuit dans un lieu qui ne fait pas partie de son environnement habituel et dont le motif de la visite est autre que celui d’exercer une activité rémunérée dans le pays visité. Si la personne en déplacement passe moins de vingt-quatre heures dans le lieu, elle est définie comme excursionniste. Certaines notions demeurent imprécises et l’élimination de l’excursionniste du champ du tourisme ne se révèle pas très satisfaisant, notamment dans le cadre du tourisme urbain. Cette population génère en effet des retombées économiques importantes dans les transports, la restauration, les musées, etc.

En ce qui concerne la définition de l’urbain, sa définition statistique est très hétérogène et varie de pays en pays : 2'000, 5'000, 10'000 habitants. La taille n’est pas toujours un élément satisfaisant pour distinguer le tourisme urbain du tourisme rural, des gros bourgs peuvent en effet atteindre une population importante et ne présenter pas d’attraits touristiques. Le potentiel touristique d’une ville est le résultat de plusieurs composantes, parmi lesquelles on trouve le patrimoine architectural et artistique, les activités offertes et la concentration de population. Certains auteurs ont fixé un seuil minimal de 20 000 habitants qui induit un minimum de potentiel touristique de l’agglomération (Cazes G., Potier F., 1996). A partir de ces constats, le tourisme urbain représente l’ensemble des ressources et des activités touristiques qui se trouvent dans le tissu urbain et qui sont proposées à des visiteurs extérieurs.

Une typologie des villes touristiques

  1. Les petites villes : Les petites villes, peuplés de quelques milliers d’habitants, présentent souvent un intérêt lié au patrimoine de la cité ou aux caractéristiques de la région, comme la proximité de littoraux, de montagnes ou de vignobles. Ces petits pôles touristiques peuvent compter sur un noyau historique ou sur un monument majeur. Le tourisme y joue un rôle économique fondamental, procurant des emplois directs et soutenant les activités de service.

  2. Les villes moyennes : Les villes peuplées de quelques dizaines à quelque centaine de milliers d’habitants sont des étapes touristiques majeures. Le tourisme y joue un rôle économique important. Les quartiers historiques constituent les parties les plus appréciées du tissu urbain. Les vieilles rues, les monuments et les grandes places créent une atmosphère qui est propre à chaque cité. En Europe le réseau de ces villes riches en histoire, art et culture est très dense.

  3. Les grandes villes touristiques
    1. a. Les villes d’art : Le riche patrimoine des grandes villes d’art en fait des villes-musées de grande taille, constituées d’un grand nombre de monuments disséminés dans un centre historique étendu. La ville est animée tout au long de l’année, offrant une gamme complète de services, d’hébergements, de restaurants et de loisirs. Les flux touristiques sont constitués par une clientèle diversifiée, nationale et étrangère, générant un impact économique considérable. L’Europe méditerranéenne compte plusieurs métropoles culturelles majeures : Venise, Florence ou Séville, comptant une population comprise entre 300'000 et 700'000 habitants.
    2. b. Les métropoles d’affaires : Les métropoles d’affaires sont les centres des fonctions économiques et politiques et ont une valence mondiale. Situées principalement dans les pays occidentaux, elles comportent des relations avec l’étranger intenses. Les manifestations professionnelles sont fréquentes et nécessitent de capacités d’hébergement importantes et de bon niveau. L’équipement commercial est lui aussi à la mesure du rôle international de la ville. En Europe on trouve par exemple Paris et Londres, deux métropoles d’importance mondiale qui détiennent une part de marché importante du tourisme d’affaires.
    3. c. Les centres polyvalents : Les grandes villes comportent souvent une structure économique et des fonctions diversifiées. L’Europe comte plusieurs centres aux premiers rangs mondiaux pour la fréquentation touristique. Les capitales politiques et administratives comme Vienne, Rome ou Madrid, sont particulièrement favorisées. La variété du patrimoine urbain, le grand nombre de restaurants et d’hôtels et l’offre culturelle sont les atouts principaux de ces villes, facilement accessibles par les moyens de transport terrestres et équipées d’aéroports internationaux. Une spécificité importante du tourisme dans ces métropoles est le rôle du tourisme de haut de gamme, qui se manifeste dans les quartiers centraux par des boutiques de luxe, des hôtels et des restaurants prestigieux. Le tourisme d’affaire et des congrès y joue également un rôle important, exploitant en particulier la bonne image de marque dégagée par la ville.

  4. Les villes spécialisées : Un certain nombre de villes sont des centres touristiques qui se sont spécialisés dans une seule fonction.
    1. a. Les villes de frontière attirent les touristes des pays voisins jouant entre autre de la différence des taux de change. Ce tourisme de transit constitue une source de revenus importante pour des villes de frontière, notamment dans le cas où la frontière sépare deux pays qui ont des potentiels économiques différents.
    2. b. Les villes de pèlerinage attirent de grands mouvements de foule, souvent étalés sur toute l’année. Elles sont généralement bien desservies par les moyens de transport, comptent une capacité d’accueil très forte et surdimensionné par rapport à la population résidante. Le tissu urbain se développe autour du sanctuaire. Les villes de pèlerinage principales sont Lourdes qui reçoit chaque année 5 millions de visiteurs et La Mecque, principale ville sainte de l’islam qui accueille 2 millions de pèlerins chaque année.
    3. c. Les villes de jeux attirent une clientèle intéressée par les jeux d’argent pratiqués au casino. La physionomie de ces villes prévoit une place centrale pour les casinos, élément majeur structurant la ville. Les villes de jeux plus importantes se trouvent aux Etats-Unis, en particulier Reno et Las Vegas.


Les pratiques du tourisme urbain
La ville offre une variété énorme d’activités et de richesses, elle est pourtant appropriée à une fréquentation diverse liée à différentes motivations. Le tourisme d’affaires se déroule dans un contexte professionnel et peut avoir des buts variés : rencontre commerciale, scientifique, sociale ou politique. L’enjeu économique lié à cette forme de tourisme est important : la dépense journalière d’un congressiste serait de 3 à 5 fois supérieure à celle d’un visiteur classique (Cazes G., Potier F., 1996). On peut en distinguer différentes formes :

  • Les voyages d’affaires: Les voyages d’affaires sont strictement liés au rôle économique et administratif des villes.
  • Les congrès: Sur les 7'000 congrès internationaux, environ 4'000 ont lieu en Europe, atteignant un chiffre d’affaires de 60 milliards de dollars (Hollier R., 1990). Les villes les plus considérées par cette forme de tourisme sont Paris avec 400 congrès internationaux par année, Londres avec 300 congrès et Genève avec 200 congrès.
  • Les incentives: Les incentives ou les voyages de stimulation sont des voyages offerts par les entreprises à leurs collaborateurs. Ils sont très appréciés par les destinations, parce qu’ils contribuent activement à l’allongement de la saison touristique.
  • Les foires et les salons: Les foires et les salons thématiques jouent un rôle promotionnel et touristico-économique important, notamment dans les cas des foires spécialisées pour les hommes d’affaires.


Le tourisme culturel représente souvent la pratique la plus courante du tourisme urbain. La motivation principale de ce type de déplacement est la recherche de connaissances et d’émotions par la découverte d’un patrimoine. Le patrimoine est représenté par tout ce qui mérite d’être conservé, donc par les composantes matérielles et immatérielles de l’identité d’une société humaine (Origet du Cluzeau C., 1998). Il est souvent en relation avec des attractions culturelles comme les concerts, les musées, les expositions ou les spectacles.

Le tourisme culturel présente une très grande variété d’activités. Visiter un musée ou assister à un spectacle en sont les formes traditionnelles, mais on compte aussi le folklore, les manifestations sportives, l’artisanat ou les concerts. Il est pratiqué par des catégories sociales relativement étroites, mais il engendre un flux touristique important et il permet à une ville de promouvoir une image de marque positive en tant que ville de culture ouverte au monde. Les principaux thèmes du tourisme culturel sont :

  • La religion, en particulier le pèlerinage vers des sanctuaires ou des lieux saints comme Lourdes, Fatima ou Jérusalem.
  • L’étude d’une langue : le but du séjour est l’acquisition d’une langue sur la base d’un programme prédéfini. Cette expérience donne la possibilité de mieux connaître les spécificités et la culture du pays visité.
  • Les études : le tourisme d’études est un déplacement motivé par une demande d’études qui peut avoir différentes formes comme un cours de vacances ou un cours de perfectionnement.
  • L’histoire : le but de la visite est la visite de lieux de mémoire ou la visite des témoignages archéologiques ou d’autres monuments.
  • La découverte d’une ville, d’une région, d’un pays ou d’un musée particulièrement reconnu comme par exemple le Prado de Madrid ou le Louvre de Paris.
  • Un festival, une manifestation, une exposition ou un concert.
  • La gastronomie, particulièrement variée dans les villes.


Le tourisme commercial est une autre pratique importante du tourisme urbain. La motivation principale de cette forme de tourisme est le shopping. Lorsque ces activités sont réalisées sur les rues commerçantes du centre-ville, la consommation est renforcée par l’animation, l’atmosphère et l’effet de mode des boutiques.

Les caractéristiques du tourisme urbain

Saisonnalité et météo : contrairement aux autres formes de tourisme, le tourisme urbain se caractérise par un étalement des flux touristiques assez régulier. Les conséquences économiques de cette faible saisonnalité sont importantes, permettant un apport financier constant et un amortissement aisé des infrastructures mises en place pour les touristes. Les raisons qui déterminent cette régularité sont nombreuses, en particulier on peut citer la complémentarité temporelle de deux composantes du tourisme urbain. Le tourisme d’affaires compte principalement des séjours qui se distribuent du lundi au vendredi hors périodes des grands congés, alors que le tourisme d’agrément devient prépondérant pendant les week-ends et les grandes vacances. Le tourisme urbain jouit en outre d’une forte indépendance par rapport aux conditions météorologiques, fait qui distingue encore plus cette forme particulière de tourisme. En effet, la présence ou l’absence de neige ou de soleil se révèlent des facteurs déterminants dans les flux vers les stations de montagne ou sur la côte.


Grands investissements : contrairement aux autres formes de tourisme, au cours des années ’90 les investissements pour les installations liées au tourisme urbain ont enregistré une forte croissance. Il s’agit en particulier des investissements pour la mise en place d’équipements pour l’accueil des réunions, congrès, colloques ou séminaires. Dans un marché fortement concurrentiel, les villes se sont engagées dans une véritable course aux équipements les plus modernes et sophistiqués. Les investissements concernent aussi les centres commerciaux, toujours plus grands et équipés, capables de devenir une véritable destination touristique comme le West-Edmonton Mall au Canada.


Cycle de vie : Chaque produit touristique suit un cycle de vie qui obéit à un certain nombre de règles communes à tout bien ou service. Les stades qui caractérisent ce cycle sont l’introduction, la croissance, la maturité et le déclin. L’introduction est une période de croissance lente et difficile qui enregistre un taux d’échec élevé. L’absence de profits est attribuable au marché restreint et aux efforts d’investissements pour la conception, la réalisation et la promotion du produit. Le stade de croissance est marqué par un déblocage de la demande sur le marché : le produit est connu et accepté, les ventes augmentent et les profits s’accroissent. Le stade de maturité correspond à une croissance des ventes qui se fait de plus en plus limitée dans un marché bien segmenté. La compétition s’accroît entre les divers concurrents offrant des services similaires. Pendant le stade de déclin, les ventes et les profits baissent. Le produit n’est plus attractif à cause de l’arrivée sur le marché de nouveaux produits qui répondent mieux aux nouveaux besoins des touristes ou qui offrent des services à un prix plus compétitif. Dans le cadre du tourisme urbain le cycle de vie est particulièrement complexe, étant donné la diversification de l’offre de la destination urbaine. En effet la ville permet de pratiquer des formes de tourisme très différentes entre elles: tourisme d’affaires, culturel ou de loisir. Cette diversification permet de diminuer les risques liés à une perte d’attractivité conséquente au cycle du produit.


Composante anthropique : Dans les villes, le milieu naturel joue un rôle limité : en ce sens les potentialités touristiques naturelles sont secondes par rapport aux composantes anthropiques. Grâce à la ville on découvre les témoignages de l’histoire du pays ou de la région et le génie des hommes du présent et du passé.

L'imprévisibilité et liberté d’action : Les séjours de courte durée sont imprévisibles car ils s'effectuent tout au long de l'année et car la décision de partir se prend souvent au dernier moment. Une fois sur place, le contenu du séjour tend à évoluer au fil du séjour en fonction des opportunités offertes. Différents scénarios sont construits en fonction de l'intérêt de telle visite, de la météo ou d'autres imprévus. Les séjours deviennent alors totalement imprévisibles. Les touristes construisent leur propre séjour, un séjour qui leur corresponde, qui corresponde à la vision qu'ils ont de la ville avant le départ.

La mutation des pratiques touristiques

Le tourisme est un phénomène social strictement lié à l’essor de la civilisation industrielle qui se met en place au cours du XVIIIe siècle sous l’impulsion des Anglais. Les transformations économiques, sociales et technologiques qui se sont suivies depuis ont déterminé des changements radicaux dans la consommation et la perception du tourisme, changements qui lui ont permis dans l’espace d’un siècle de passer du phénomène élitiste au phénomène de masse.

Au cours du XXe siècle, le tourisme se démocratise progressivement et prend les traits d’une industrie. Avant la Seconde Guerre mondiale le tourisme se montre très sensible à la conjoncture et aux événements de l’époque: la Première Guerre Mondiale en particulier entraîne des changements profonds au niveau politique et social. La crise économique de 1929 représente le point final du tourisme aristocratique. L’explosion du tourisme populaire a été favorisée par l’introduction des congés payés: aux États-Unis ils sont introduits à partir de 1914, en Italie en 1924, au Royaume-Uni et en Allemagne en 1934, en France en 1936 (Bloc-Duraffour P., Mesplier A., 1992).

Après la Seconde Guerre mondiale se produit la véritable expansion de la pratique touristique dans tous les pays industrialisés. Outre le congé payé, les facteurs qui encouragent ce grand changement sont à rechercher dans la rapide croissance économique et dans celle du pouvoir d’achat de la population. L’urbanisation croissante entraîne un besoin d’évasion en raison des contraintes subies à la ville et au bureau. Les coûts de transport par rail, mais également routiers et aériens, s’abaissent nettement, permettant à la clientèle touristique internationale de gagner de nouvelles destinations à des prix concurrentiels. Désormais on dépense plus pour une semaine de ski en Suisse que pour une semaine aux Caraïbes. Si le temps libre augmente, l’élévation de l’espérance de vie et l’abaissement de l’âge de la retraite contribuent également à l’expansion du tourisme.

Le tourisme urbain dans le cadre des mutations des pratiques touristiques
On peut relever trois grandes tendances:

  1. Le fractionnement des départs touristiques et un raccourcissement des durées de séjour. L’évolution de la pratique des courts séjours est déterminée par plusieurs facteurs d’ordre démographique, sociétal, juridique, économique et technologique. En particulier, il faut souligner le rôle de l’accroissement du temps libre, l’amélioration des conditions de déplacement, le renouvellement des modes et des images et le développement d’une offre touristique de plus en plus variée et accessible. Ces facteurs ont entraîné une tendance au fractionnement des séjours, devenant ainsi plus fréquents et plus courts dans leur durée. L’attraction des villes est indissociable de cette croissance des mobilités de brève durée.
  2. L’intérêt renforcé des individus pour les ressources culturelles et patrimoniales. L’intérêt suscité par les grandes expositions et les événements, la mise en valeur des musées et des monuments de la cité illustrent cette tendance. La variété de l’offre culturelle est un élément important, étant donné que le touriste devient de plus en plus exigent et informé.
  3. Le renouveau du cadre urbain. L’attractivité et l’image des villes sont à l’origine d’une certaine régénération du cadre urbain, notamment dans les vieux pays industriels (Cazes G., Potier F., 1996). On assiste en effet à une importante évolution de la perception: la ville active devient ville festive, une fonction en relation à l’émergence d’une nouvelle conception urbaine, postmoderne ou post-fordiste.

Le renouveau de l’attraction de la ville n’est pas seulement dû au réinvestissement en faveur du décor urbain, il est aussi le résultat de la mise en place d’une politique pour équiper et promouvoir l’espace urbain en tant que destination touristique. Le tourisme apparaît alors comme une opportunité de diversification de la structure économique de la ville, créateur de revenus, d’emplois et d’installations.


Les autres impacts du tourisme sur les villes
La mise en valeur du patrimoine architectural est un des aspects qui a pris une grande importance dans la gestion des villes et qui permet de développer une argumentation touristique très performante. Cette politique urbaine comprend plusieurs volets:

  • L’entretien et la mise en valeur des grands édifices comme les églises, les palais ou les musées. Ces éléments sont strictement liés à l’image de marque d’une ville et demandent à l’administration des efforts considérables au niveau financier. Dans certains cas, notamment où le coût des travaux est très important, le financement des travaux est partagé entre collectivités locales, régionales et nationales. La remise en état peut aussi entraîner un financement international, notamment dans le cadre du patrimoine mondial de l’humanité défini par l’Unesco .
  • Le remodelage de l’ensemble du tissu urbain central est en cours dans plusieurs villes pour des raisons économiques, sociales et aussi touristiques. Des voies piétonnières, repavées et équipées sont souvent aménagées à l’occasion de travaux de réhabilitation, des parkings ou des centres commerciaux renforcent l’attractivité des quartiers centraux, favorisant ainsi le shopping, activité très importante et lucrative dans le cadre du tourisme urbain.
  • La mise en valeur du patrimoine urbain a des retombées bénéfiques sur la physionomie, la population et les activités du centre-ville. Les vieux quartiers menacés par le déclin démographique ou par une excessive tertiarisation, retrouvent un certain souffle. Le tourisme permet en ce sens le développement d’équipements de quartier et une desserte efficace par les moyens de transport publics. D’autre part, un développement excessif des restaurants, d’hôtels, de musées, de magasins et des boutiques peut entraîner une spéculation immobilière qui fait flamber les prix du logement, chassant ainsi du centre les populations aux revenus modestes.
  • L’engorgement par les véhicules: l’afflux massif de touristes détermine une transformation importante du fonctionnement des villes. Elles doivent mettre en place des zones pour stocker et gérer l’accès des véhicules particuliers et des autocars. Mais les aires réservées au stationnement sont rarement suffisantes aux abords des sites majeurs, favorisant ainsi le stationnement sauvage des véhicules. La pollution et les nuisances sonores sont naturellement strictement liés au trafic. En Europe, rares sont les cas où des voies de desserte ou des parkings souterrains préservant le site ont été réalisées. La mise en place d’un réseau de transport public efficace peut devenir une solution valable, notamment dans les grandes villes où la dissémination des sites se fait sur une aire centrale étendue.
  • Congestion et saturation: Des phénomènes de congestion et de saturation de l’espace urbain peuvent se manifester sous la pression touristique, en particulier pendant certains périodes de pointe. Les conséquences qui en découlent sont la pollution, l’encombrement et la présence de files d’attentes pour touristes et résidents. Ce problème se pose parce que les villes n’ont pas mis en place une politique globale pour la gestion des flux touristiques.
  • Conséquences sur le plan social et culturel: Les conséquences sur le plan social et culturel du phénomène touristique urbain sont moins tangibles par rapport à celles sur le plan économique. Plus en particulier, la confrontation de cultures et de modes de vie différents peuvent donner lieu à des modifications culturelles et sociales. On peut par exemple mettre en place un système touristique qui exploite la prostitution et le tourisme sexuel, entraînent évidemment des conséquences négatives sur le tissu urbain. D’autre part, la confrontation avec le touriste peut devenir un moyen pour améliorer la compréhension et la tolérance.


Le rôle des périphéries
Le rôle de la périphérie a toujours été très important dans la dynamique urbaine, exerçant en particulier une fonction de loisirs et de détente pour les citadins. Les migrations de week-end en voiture sont une composante commune aux grandes villes des pays industrialisés, dont les autoroutes sont incapables en fin de semaine d’écouler le surcroît de trafic.
L’implantation contemporaine des grands équipements donne une grande importance à la périphérie. On peut définir deux couronnes qui ont des caractéristiques spécifiques (Bloc-Duraffour P., Mesplier A., 1992):

  • La première couronne des agglomérations concerne les équipements adaptés au tourisme d’affaires ou à la demande de loisirs des citadins. Dans les métropoles d’affaires on construit des centres de congrès complets à peu de distance des centres-villes, en particulier au croisement des anneaux routiers périphériques et des voies d’accès aux aéroports. Les installations sont aussi à caractère sportif, en particulier les grands stades polyvalents.
  • La seconde couronne concerne les équipements qui demandent beaucoup de place: jardins botaniques ou animaliers, terrains de golf, circuits automobiles ou quartiers à l’architecture novatrice.

La question essentielle soulevée par ces installations est celle de leur concurrence ou de leur intégration avec les fonctions traditionnelles des centres-villes. Ces équipements situés à la périphérie des centres urbains font partie intégrante de l’offre touristique des villes.


La promotion de l’espace urbain comme destination touristique
Un des éléments qui caractérisent le plus la destination ville est la communication. Les stations de montagnes et de littoral adoptent des stratégies de communication centrée sur l’affirmation de leur existence, elles doivent avant tout se faire connaître par les touristes. La ville par contre n’a pas cette exigence. En effet elle est déjà connue grâce à ses fonctions administratives, politiques, économiques ou industrielles. La communication de la destination urbaine se par conséquent sur les attractivités qu’elle offre.
La difficulté principale des organisations qui s’occupent de la promotion de la ville est de définir quels aspects mettre en évidence, faire un choix pertinent parmi des innombrables activités offertes. La valorisation touristique permet de dresser un décor exploitant les éléments du tissu urbain comme les parcs, les monuments, les musées ou les événements, tout en dissimulant les composantes urbaines moins appréciées telles que les usines ou les quartiers dégradés.
Ces campagnes d’image comportent des retombées directes aussi sur les produits associés à la région de la ville: vins, fleurs, produits d’artisanat ou souvenirs de toutes sortes. Mais une ville qui jouit d’une bonne image peut aussi enregistrer des retombées positives à un niveau indirect, notamment par l’attraction des investisseurs potentiels.

Conclusion
Le tourisme dans la ville est souvent présenté comme une solution permettant de faire face à la crise des activités urbaines traditionnelles. En effet il permet une plus forte structuration de l’économie urbaine, d’autre part, il est à l’origine de toute une série de problèmes, en particulier celui du partage entre résidents et touristes d’un espace limité et densément occupé. Comme dans d’autres formes touristiques, des espaces entiers ont été asservis à l’activité touristique.
L’enjeu touristique urbain influence la restauration du patrimoine et le remodelage du tissu urbain, favorisant aussi la promotion d’une image de marque. A la lumière de ce qu’on vient de voir, « Le tourisme urbain sera le tourisme de l’an 2000 par excellence, en raison de la rapidité des communications, de l’élévation du niveau culturel des citoyens et de leur niveau de vie ? » (Cazes G., Potier F., 1996).


Bibliographie

Ouvrages

  • Barçon C. (sous la dir.), Tourisme urbain, Les Cahiers Espaces, Ed. touristiques européennes, Paris, 1994
  • Bloc-Duraffour P., Mesplier A., Le tourisme dans le monde, Bréal, Rosny Cedex, 1992
  • Boyer M., Le tourisme, Ed. Seuil, Paris, 1982
  • Boyer M., Histoire du tourisme de masse, Que sais-je?, Presses Universitaires de France, Paris, 1999 soc. 316.729 uma 47159
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  • Hollier R., Subremon A., Le tourisme dans la Communauté Européenne, Que sais-je?, Presses Universitaires de France, Paris, 1990 380.8 tva 35704
  • Lazzarotti O., Les loisirs à la conquête des espaces périurbains, Ed. L’Harmattan, Paris, 1995
  • Lozato-Giotart J.-P., Géographie du tourisme, De l’espace regardé à l’espace consommé, Coll. Géographie, Masson, Paris, 1987
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Articles

  • Cuvelier C., La fin du tourisme fordiste. Espaces, Tourisme et Loisirs, Revue mensuelle du tourisme, des loisirs, de la culture et de l’environnement, n.ro 177, Paris, 2000

 

 

Roland Hochstrasser

Institut de Géographie
Faculté des Lettres - Licence
Session février 2002

Sous la direction du prof. Jean-Bernard Racine

Citazione della fonte: "Roland Hochstrasser, www.rhpositive.net".